Blog
Événementiel
Communication et stratégie digitale

Traiteur événementiel : la Sisters Factory

Sommaire
Vous avez un projet ?
Edouard
Couturier
18/11/2020
Partager

À quelques pas du Louvre, rue de l’arbre sec, une devanture jaune se détache dans la grisaille parisienne. Bienvenue à la Sisters Factory ! Malgré le reconfinement, et les rues désertes de la capitale, les soeurs Sibille sont en plein travail. Leur mission ? Sauver leur concept de la crise sanitaire et économique qui chahute tous les commerçants. Ces jeunes auto-entrepreneures portent depuis quelques années un concept original et novateur. Elles proposent de lier une gastronomie aux saveurs sud-américaines et scandinaves ainsi que des projets d’architecture. Rencontre avec Zully et Ana Sibille, "les architectes entrepreneures foodistas" des Nanas d’Paname.

Traiteur événementiel : la Sisters Factory

I - Plus qu'un traiteur événementiel atypique

L’agence LNDP : Vous avez décidé d’allier restauration, cabinet d’architecture et lieu d’événementiel, comment vous est venue l’idée de cette entreprise hors du commun ?

Zully : De Formation, nous sommes toutes les deux architectes. Nous avons eu la chance de monter ensemble notre première boite en 2013 : une agence d’architecture. Coup du destin, un des premiers clients que nous avons eu nous a demandé de refaire un restaurant. De fil en aiguille, nous avons rénové plusieurs restaurants. Et de là est née notre envie d’ouvrir notre propre restaurant.

Ana : Et l’événementiel est venu à nous… Les gens nous ont connues par nos activités de décoration et de restauration, et très vite, nous ont demandé d’organiser leurs projets événementiels. Un 360 degrés de nos projets qui pouvaient lier les deux mondes.

Zully : En effet, on leur proposait un package où on encadrait leurs travaux, on les conseillait aussi sur leur restauration, et on montait des événements pour eux. Des inaugurations, des lancements de produits et mille et un autres événements.

L’agence LNDP : Cette double casquette est teintée d’influences sud-américaines et scandinaves, pour quelles raisons ?

Zully : Nous sommes originaires du Pérou, d’où l’influence de l’Amérique latine. Nous avons beaucoup voyagé aussi : Brésil, Bolivie ou encore l’équateur. Nous avons adoré retrouver nos racines, et cette fibre, ces valeurs, et coutumes que nous a transmis notre grand-mère. Nous avons aussi eu la chance de faire une partie de nos études dans des pays scandinaves. Anna a vécu à Stockholm et personnellement, j’ai eu la chance de travailler au Danemark. Ces pays-là nous ont beaucoup inspirées. Là-bas, il y a beaucoup de boutiques de seconde-main, de décoration…

Ana : Dans ces pays scandinaves, tout respire la décoration. Même au Franprix ou macdo, tout est précieux et magnifique…

L’agence LNDP : En quoi la Sisters Factory est-elle innovante et créative ?

Ana : Déjà, nous sommes deux femmes self-made ! La créativité s’est clairement le mot qui nous définit. Innovante ? On essaie toujours d’être à la pointe des tendances que ce soit sur les événements, notre démarche éco-responsable ou encore sur notre contact avec les clients.

Zully : On est prescriptrice. On fait le grand écart entre l’architecture et la restauration, ce qui n’est pas beaucoup vu…

Retrouvez notre article sur un marché de noël digital avec la Sisters Factory en cliquant ici : Événementiel 2.0 : Organiser un marché de Noël digital

II - Le pari de l’entreprenariat et de l’événementiel

L’agence LNDP : Vous avez choisi l’entreprenariat en famille, avec votre duo de soeurs, comment faites-vous pour trouver votre équilibre ?

Zully : C’est moi qui l’ait entrainé !… C’est très long et compliqué les études d’architecture et souvent, j’avais besoin de petites mains pour réaliser mes maquettes, alors j’ai engagé ma petite soeur. Et je lui ai finalement transmis l’amour et la fibre de l’architecture. Dès la fin de mes études, j’ai travaillé dans un grand cabinet d’architecture, mais j’ai été un peu déçue, je ne faisais pas beaucoup de projets…

Ana : Pendant ce temps-là, j’avais donc débuté mes études d’architecture, et lors d’un premier stage avec Laura Gonzalez, j’ai proposé à ma soeur de nous rejoindre, car on avait besoin de main-d’oeuvre sur le projet du Bus Paladium en 2008. C’était notre première aventure de travail ensemble, ce qui n’était pas forcément prévu même si nous avions réalisé les mêmes études. On s’est rendu compte très vite qu’on était complémentaire et qu’on aimait créer, bâtir, avancer ensemble. Dès la fin de mes études, on a donc lancé  notre première boite.

Zully : De tout ce que l’on avait appris, de nos expériences passées, de nos voyages, de nos cultures… On a tout fait émulsionner pour aboutir à une boite marquée par notre ADN, aussi bien avec mon côté très artistique et le côté très technique d’Ana… C’était un équilibre à trouver afin de donner vie à un projet sympa qui nous ressemble.

L’agence LNDP : Si vous deviez donner un mot sur l’entreprenariat au féminin ?

Ana : Un mot ? Difficile ! C’est beaucoup d’embuches, beaucoup d’aprioris de la part des clients, des partenaires, des prestataires…

Zully : Par exemple, il nous est arrivé de débarquer sur des chantiers et d’être accueillies par ces paroles dégradantes : "Tiens les stagiaires sont là". Des phrases qui sont dures à entendre, surtout lorsqu’on est jeune et ambitieuse.

Ana : On a toujours l’impression qu’il y a un homme derrière nous. Souvent, nous avons entendu : "Vous direz cela à l’architecte…" !

Zully : Ou "vous direz cela à votre associé" !… Il faut seulement y croire et se dire que l’on peut tout faire. Il n’y a aucune barrière, et si on met des obstacles sur votre route d’auto-entrepreneure, c’est seulement qu’on a peur de vous.

L’agence LNDP : Vous vous considérez plus comme des entrepreneures intuitives ou rationnelles ?

Ana : Moitié-moitié ! Et c’est pour cela que nous sommes deux.

Zully : Nous avons plus fonctionné au début de manière intuitive et aujourd’hui, on est devenue plus rationnelle.

Ana : On se raccroche au rationnel, mais quand il y a une décision à prendre où la rationalité n’a plus sa place, on s’en remet à notre intuition.

II - Le relai digital

L’agence LNDP : Quels canaux de distribution utilisez-vous pour communiquer ?

Ana : Instagram !…

Zully : Principalement Instagram. Après nous avons aussi depuis le début notre site internet. Et dans la partie architecture, ça fonctionne beaucoup par le bouche-à-oreille.

L’agence LNDP : À quel type de financement avez-vous fait appel ? Public ? Privé ?

Ana : À notre petit porte-monnaie… On a fonctionné qu’en fond propre et ce n’est pas donné à tout le monde ! Mais on a eu la chance de commencer par une agence d’architecture, où on avait juste besoin d’un ordinateur et de nos deux cerveaux. Pour le restaurant, on a fait appel à plusieurs fonds d’investissement, notamment PIE "Paris Initiative Entreprise" qui finance des micro-entrepreneurs avec des petits forfaits suffisant pour se lancer. Il y a aussi la BPI (Banque publique d’investissement) qui nous a suivies…

Zully : C’est vrai qu’on a eu la chance de fonctionner principalement en fond propre ce qui est rassurant en cas de coup dur…

L’agence LNDP : Quelles sont les menaces pour votre entreprise aujourd’hui ?

Zully : La menace principale est bien sûr, la crise sanitaire que nous subissons tous depuis de longs mois…

Ana : Et aussi la concurrence avec les autres restaurateurs. Car il faut dire que Paris est un restaurant géant ! Et pareil en architecture, la concurrence est rude !…

Zully : Certes… Mais la plus grande menace demeure cette époque teintée par le coronavirus. Et cette peur, légitime bien sûr, de sortir, de consommer… Et le reconfinement n’a rien arrangé… Et cette récession concerne nos deux domaines d’activité.

IV - Stratégie digitale pendant la Covid-19

L’agence LNDP : Quelles stratégies avez-vous mises en place pour essayer de survivre à cette crise sanitaire et économique ?

Ana : On essaie d’utiliser cette période difficile et inédite comme un tremplin. Pendant le confinement, les gens ont commandé beaucoup plus en ligne. Bien entendu, notre pôle événementiel est à l’arrêt, mais on essaie de le repenser autrement. On se doit de transformer, toujours, les difficultés en opportunités. Et ainsi, créer des choses auxquelles on n’aurait jamais pensé avant. Nous avons une activité de traiteur. Nous avons donc proposé nos services à domicile ! On a créé des box avec nos gâteaux pour les envoyer chez les gens en mode "sans contact". Finalement, les menaces se transforment en nouvelles opportunités. Et on saisit au passage de nouvelles manières de travailler et d’interagir avec nos clients.

Zully : Nous avons la chance d’avoir cette double casquette architecture et restauration. Face à la conjoncture actuelle, on se concentre donc plus sur les projets d’architecture. On développe, comme l’a dit Ana, notre pôle de traiteur. Aussi, dans le petit entourage de notre quartier, il y a une sorte de proximité qui s’est installée entre nous - au figuré bien sûr, nous respectons les mesures barrières et la distanciation sociale ! - et un esprit de résistance. Une solidarité que l’on n’aurait peut-être pas connue hors de ce contexte.  Plats à emporter, traiteur, des box gourmandes comme on a fait pour Halloween et qu’on fera pour Noël aussi… De la décoration, de la rénovation…

Ana : On a notre nouveau site qui va aussi sortir avec du e-commerce, un Instagram dédiée à du chinage d'objets de décoration… Et encore de nombreux rêves auxquels donner vie !

Vous l’avez compris, avec les soeurs Sibille, la créativité, l’innovation et la détermination sont sans limites. Empruntons les mots d’Oscar Wilde : "Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles."

Propos recueillis par Marie Chéreau pour l’Agence LNDP.

À lire aussi :

Evénement digital : 10 animations de Noël